Ce soir, il y avait quelqun sur mon banc.
Je l'ai vu en arrivant sur le trottoir du pont qui enjambe les rails.
De loin, ça aurait pu être un promeneur avec un chien, un jogger fatigué.
Mais, en me rapprochant, j'ai vu.
J'ai vu qu'il était sur ce banc pour les mêmes raisons que moi, souvent.
J'ai vu qu'assis, il avait les bras qui touchaient presque le sol. Mauvais signe.
Ses yeux se demandaient si, en sautant de là,
il tomberait bien pile sur les rails.
si alors il serait bien synchro avec le train aperçu quelques secondes auparavant.
si la vitesse du train serait suffisante pour l'achever.
vite.
J'ai vu ça en passant, et du coup, je ne me suis pas arrêtée à ma place habituelle, toute pleine de lâchetée.
On aurait risqué lui et moi de se raconter la chienne de vie.
"et puis les états d'âme ça fait des amis.
Et les amis, c'est bon pour ceux qui ont des amis".
Alors j'ai tracé.
On s'est regardés, il était jeune et blond, et avait un costume bien taillé.
Ou alors vieux et chauve, un clodo sans dents.
J'étais triste et brune, et je portais une robe trop légère pour la brise du soir qui se levait.
un beau début de roman. Il était jeune, il était blond il sentait le sable chaud ?